Le mercredi 14 décembre 2022, a eu lieu la première réunion publique du collectif de défense de la carrière Borie, en présence de quelques élus d’opposition et de la presse. Plus de quatre-vingt personnes ont répondu à l’appel afin démontrer leur soutien aux représentantes du collectif. Ces habitantes du quartier de la Pérussonne d’Aubagne ont exposé leurs craintes et les risques liés au projet de décharge dans la carrière, et ont également appelé à ne pas relâcher la mobilisation. Nous vous présentons, ici un résumé de leurs propos.
Le projet destructeur de la municipalité d’Aubagne, vise à confier à la société Bronzo Perasso, le remblaiement de la carrière Borie à des fins de « renaturation ». Cette opération consiste à convoyer 250 000 m³ (450 000 tonnes) de terre, céramique, bétons et autres déchets non bio dégradables et issus de chantier de déconstruction, jusqu’à la carrière, afin de combler l’espace laissé libre suite à l’exploitation de celle-ci. La carrière n’est plus en activité depuis 65 ans et s’est naturellement déjà re-végétalisé. Elle est ainsi devenue un lieu de prédilection des sportifs et promeneurs.
Au delà des désagréments que le voisinage craint à juste titre de subir, avec le ballet de dizaines de camions quotidiennement, le principal risque exprimé est celui de voir entreposé des déchets dit inertes, à proximité des habitations. Sur ce point aucune garantie n’est donnée que ces déchets ne seront pas mélangés à des produits comportant des polluants tels que des métaux lourds. En effet, ce type de décharge, s’appuie sur un principe d’auto-contrôle du responsable de la source des déchets puis du responsable de la décharge. Seule la DREAL sera amenée à faire une vérification sur les documents déclaratifs une fois par an, et pourra être amenée à faire des contrôles inopinés sur site. Mais la complexité d’analyse de milliers de tonnes enfouis rend utopique une identification de produits polluants mélangés à des produits effectivement inertes.
Pour référence, une vidéo de Actu Environnement présentant le fonctionnement d’une décharge de déchets inertes, démontre le fonctionnement de ce type d’installation et justifie les craintes des riverains. – Eco Réseau
Autre point d’inquiétude, le ruissellement des eaux, de même que les infiltrations, pourront représenter une source de pollution. Bien que le projet prévoit un bassin de rétention des eaux de ruissellement, rien n’est avancé quant au contrôle des polluants pouvant s’y retrouver. De plus, les eaux d’infiltrations pourraient polluer les eaux souterraines, et notamment ressurgir dans les puits et sources que les riverains ont identifié à proximité. Il est à noter que la zone d’enfouissement devrait être aspergée afin de limiter la diffusion des poussières dues à l’activité de déplacement des déchets. Les quantités d’eau nécessaires à ces opérations seront importantes, et clairement en décalage avec le contexte de sécheresse que nous connaissons en été depuis plusieurs années sur le territoire.
Pour éviter le passage de camions en plein quartier de la Perussonne, le transport des déchets passera par le chemin menant depuis Carnoux à la carrière Borie, et cela en traversant le camp militaire de Carpiagne. Hors ce chemin d’environ 3 m de largeur, et par endroit assez pentu, devra être élargi afin de permettre aux camions de se croiser. Autant dire, qu’une route à la seule destination de ce projet, va être créée en creusant dans les parois de la colline.
La faune et la flore déjà grandement affectées par l’incendie de 2017, seront une nouvelle fois impactées par les travaux colossaux d’aménagement de la route d’accès, puis par le passage des camions.
Info : Récemment des démarches de reboisement ont été effectuées de manière pédagogique en collaboration avec la mairie et l’association Coopération Planet. Cette même mairie planifie à présent l’aménagement de cette route à quelques mètres des jeunes plants, au risque de leur destruction pure et simple. Les enfants des centres aérés ayant participé en seront certainement ravis… – Éco Réseau
Enfin, plusieurs signalements d’espèces animales protégées ont été faites auprès du collectif et d’associations telle que la LPO. Si l’étude préalable sur la biodiversité valide ces présences, alors le projet de la municipalité contreviendra de fait, à la nécessité de ne pas perturber intentionnellement ces animaux dans leur milieu naturel.
Fort de ces arguments plaidant contre ce projet, et des 37 000 signatures de la pétition, le collectif a rencontré le maire d’Aubagne, M. Gérard Gazay. Cette entrevue a été qualifié de conversation “à sens unique”. Le maire, lors de cette rencontre, n’a eut pour seul objectif que d’argumenter en faveur de la décharge, sans même essayer d’entendre les craintes justifiées du collectif.
Lors de la réunion du conseil municipal du 15 novembre 2022, les élus majoritaires ont voté la délibération proposant de conclure une convention avec la société C.B.B.P. (Carrières et Bétons Bronzo Perasso), aux fins de “renaturation” de l’ancienne carrière Borie. Cette décision prise sans prendre en compte les oppositions à ce projet, déclenche donc le dépôt d’un dossier auprès de la préfecture pour l’étude du projet d’ISDI (Installation de Stockage de Déchets Inertes). Le préfet devra donc donner un avis, à priori dans le courant du premier semestre 2023, d’après l’étude du projet et des impacts, ainsi que des résultats de l’enquête publique. Le collectif invitera, bien évidemment, la population à s’exprimer largement sur ce projet lors de l’ouverture de cette dernière.
Dans l’attente du déroulé de la procédure préfectorale, le collectif a annoncé la création d’une association afin de porter la contestation de ce projet. Les objectifs annoncés sont de fédérer des militants soucieux de protéger la carrière, et de collecter adhésions et dons en prévision d’un accompagnement par un avocat spécialisé.
Éco Réseau du Pays d’Aubagne se joindra aux actions du collectif, afin de défendre cette ancienne carrière d’hors et déjà renaturalisée, et pour s’opposer aux travaux d’aménagement de la route d’accès qui détruira encore plus les collines d’Aubagne. – Èco Réseau
Vous pouvez suivre le collectif, en prenant contact via leur page Facebook et adhérer à l’association grâce à la page HelloAsso.
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